Parcours de Djiba - SOS Villages d'Enfants

Parcours de Djiba

Djiba Ibrahima Coly vit à Dakar, au Sénégal. Il a 26 ans, un beau parcours scolaire derrière lui et un début de vie d’entrepreneur. Une trajectoire forgée avec l’aide des équipes de SOS Villages d’Enfants qui l’ont accueilli à ses trois ans.

 

Djiba Ibrahima Coly est arrivé au village d’enfants SOS de Ziguinchor (Sénégal) en 1998. “Je me souviens de cette matinée, assure-t-il. Je n’avais que trois ans, mais c’est un vrai souvenir, pas quelque chose que l’on m’a raconté. Tous les enfants qui, comme moi, venaient d’arriver, avaient été réunis sous un acajou situé à l’entrée du village. Nous étions passés à l’infirmerie, puis nous avions rejoint nos mamans SOS dans nos nouvelles maisons respectives. C’était mon premier voyage.” Le jeune homme n’a pas, par contre, de souvenirs de ses parents décédés peu après sa naissance de causes qu’il n’a pas voulu connaître. Lorsqu’il arrive au village d’enfants SOS, Djiba ne parle ni wolof ni français. Il ne maîtrise que sa langue maternelle, le Diola, un dialecte que sa mère SOS, elle, ne comprend pas.

 

“Heureusement, d’autres mamans le parlaient et nous ont expliqué que nous n’avions pas à nous inquiéter, que c’était maintenant notre chez-nous, que nous avions de nouveaux frères et sœurs…” Et même de nombreux frères et sœurs ! Sa maison accueillera jusqu’à 12 enfants qui cohabiteront sans heurt. “Parmi les valeurs que notre maman SOS nous a inculquées, il y a l’importance de respecter l’autre, explique Djiba. C’était indispensable pour pouvoir vivre en communauté, car nous étions tous venus d’univers différents. Bien sûr, nous étions des enfants, il nous arrivait de faire des bêtises, de raconter des mensonges… Mais elle a su nous apprendre l’importance d’être sincère.”

 

Djiba, qui a toujours eu un tempérament d’aventurier, se fait vite à sa nouvelle vie. Il explore tout ce qui l’entoure, cherche à comprendre, pose mille questions… Une vivacité qui se traduit à l’école. “J’ai été le premier de ma classe jusqu’à mon entrée au collège, dit-il. Ensuite, je suis resté aux quatre premières places tout au long du lycée.” Les prix de fin d’année qu’il reçut furent l’occasion de petites célébrations à la maison. “Ma mère disait toujours que le monde de demain appartient à ceux qui auront appris.”

 

En 2006, Djiba déménage pour l’une des deux nouvelles maisons qui viennent d’être construites dans le village. Il rencontre une autre mère SOS avec qui les relations sont tout aussi bonnes. Mais il ne restera là que jusqu’à ses 14 ans, âge auquel les jeunes des villages sénégalais partent vivre dans un foyer d’adolescents de l’association.

 

Il n’a jamais caché son statut d’enfant accueilli en village d’enfants SOS. “Au contraire, sourit-il. Dans les classes, tout le monde voulait avoir un copain de chez SOS. C’était l’assurance de pouvoir aller dans un endroit avec des gens accueillants, où de belles fêtes et des compétitions sportives étaient organisées. Une fois adulte, personne ne regarde les anciens enfants des villages SOS avec méfiance. Nous sommes même très bien perçus au Sénégal. Y avoir grandi, c’est le gage d’un bon développement, d’une bonne éducation. Certains nous voient comme des privilégiés.”

 

L’aventure de l’entrepreneuriat

Dans son enfance, puis dans sa jeunesse, Djiba se passionne pour le dessin, l’art et le rugby. Mais c’est une voie professionnelle différente qu’il emprunte. Après son bac, il rejoint Dakar et commence des études en robotique, puis entame une formation en “Réseaux et sécurité informatique”. “La Covid a perturbé ma formation, explique-t-il. Les cours en ligne avec un Internet peu stable et des enseignants pas très à l’aise avec cette forme d’enseignement… tout cela ne me convenait pas. J’ai décidé de ne pas poursuivre mon master 2.” Le jeune homme fait alors certifier ses compétences et se lance dans la vie active. Ayant le goût pour le développement web (création d’applications et de sites internet), il fait ses armes comme prestataire indépendant avant de monter, en février 2021, sa propre entreprise, Wuuti, qui signifie “chercher” en wolof. “C’est une plateforme de vente en ligne qui va proposer tous types de produits non périssables, explique-t-il. Je l’ai imaginée comme le concurrent de Jumia, le grand marketplace sénégalais qui est trop onéreux pour les petits commerçants.”

 

Le jeune entrepreneur insiste sur le soutien qu’il a reçu de la part de SOS Villages d’Enfants. “J’ai été aidé financièrement pour faire mon business plan, pour des formations sur l’auto-entrepreneuriat, le développement personnel…” Pour l’heure, Wuuti n’a pas encore pris son envol commercial, mais Djiba voit loin et espère un jour pouvoir embaucher et, pourquoi pas, des jeunes des villages SOS. “Il y a du travail pour beaucoup dans ce secteur : comptable, graphiste, maintenance informatique, marketing…”, souligne-t-il.

 

L’ancien du village de Ziguinchor continue à avoir de nombreux contacts avec ses frères et sœurs de cœur, comme avec ses éducatrices familiales. “Quand on me pose la question, alors oui, je peux dire que ce sont mes mamans de substitution, mais, en fait, elles sont mes mamans tout court.”

 

Djiba n’est pas marié, n’a pas d’enfant, mais ne s’interdit pas de rêver à une vie de famille “dans une belle maison” où, dit-il, il racontera à ses enfants son histoire dans le village d’enfants SOS de Ziguinchor. Une histoire qui commença un beau matin, sous un acajou.

 

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