Les bonnes notes du programme Pygmalion

Les bonnes notes du programme Pygmalion

 

Pour un enfant, progresser dans ses apprentissages est à la fois le gage d’un épanouissement personnel et celui de sa future insertion socioprofessionnelle. Si les enfants hébergés en structures d’accueil ont souvent des parcours d’études difficiles, l’échec scolaire n’est pas une fatalité. Mis en place dans chaque village d’enfants SOS depuis 2014, le programme Pygmalion vise à les soutenir dans leur scolarité. “Ce qu’on appelle l’effet Pygmalion est le phénomène par lequel on augmente les probabilités de succès de quelqu’un dès lors qu’on lui montre que l’on croit en sa réussite, explique Nathalie Dupire, directrice territoriale pour la région sud, référente du programme et ancienne directrice du village de Carros pendant 13 ans. Pour des enfants qui manquent de confiance en eux, c’est quelque chose de fondamental.”

 

 

La force de ce programme est d’impliquer collectivement tous les adultes en lien avec l’enfant : enseignants, équipes des villages, parents, référents ASE(1)… Au cœur de ce dispositif, se trouve l’éducateur (ou l’éducatrice) scolaire présent dans chaque village et qui joue le rôle de coordinateur des actions menées. Aide aux devoirs, comportements en classe, choix d’orientation, demande d’aide à la vie scolaire, rendez-vous à l’école, avec les parents, décisions d’ordre médical (orthophoniste, psychomotricien, neuropsychologue…), les occasions de solliciter leur expertise ne manquent pas. L’éducateur scolaire est joignable par tous, tout le temps, et peut, au débotté, aller voir une maîtresse ou un directeur d’école, ce qui est rarement le cas des éducatrices familiales qui ont cinq à six enfants d’âge différent à gérer.  

 

“Concernant les enfants, je valorise la plus petite de leurs réussites, explique Joumana Grehaigne, éducatrice scolaire à Carros. Aucun n’aime être en échec, mais il est vrai que beaucoup manquent des prérequis de base. Soit parce qu’ils ont manqué l’école, soit parce qu’ils n’avaient pas la tête disponible aux apprentissages.” Ils ont des manques, pas des inaptitudes, et c’est ce que vient corriger le programme Pygmalion. L’une des clefs de ce soutien est d’être le plus individualisé possible, ce qui passe notamment par de la pédagogie différenciée(2). Chaque enfant sait qu’il peut se tourner vers l’éducateur scolaire dès qu’il a une question ou une difficulté. Ce dernier lui fait un compte-rendu après chaque réunion avec son enseignant, lors de la remise des bulletins par exemple.

 

Les éducateurs scolaires sont aussi là pour épauler les mères SOS. “Toutefois, les éducatrices familiales sont toujours impliquées, car il s’agit de moments importants du quotidien des enfants, complète Nathalie Dupire. Mais la présence de l’éducateur scolaire les rassure et permet de faire en sorte que cela ne soit pas des moments stressants pour elles.” Le programme Pygmalion place aussi tous les enfants sur un pied d’égalité, puisque la qualité du soutien scolaire dont ils bénéficient ne dépend pas du parcours de leur mère SOS.

 

“Réussir à l’école, ce n’est pas forcément obtenir son bac ou faire de longues études, ajoute l’éducatrice scolaire. Lorsqu’un enfant s’épanouit et trouve sa voie dans un enseignement spécialisé ou un apprentissage, c’est tout aussi valorisant pour lui… comme pour nous. Réussir, c’est être là où l’on est bien.”

 

(1) Aide Sociale à l’Enfance

(2) Travailler une même compétence par des chemins différents, en fonction des profils des enfants