J'ai aussi aidé le village à grandir - SOS Villages d'Enfants

J’ai aussi aidé le village à grandir

Accueilli au village d’enfants SOS de Busigny à l’âge de 5 ans, Yann, ancien “petit diable”, s’est trouvé un avenir au service des autres.

 

Yann a 17 ans et vit à l’Espace de Transition du village d’enfants SOS de Busigny, dans le Nord. “C’est une sorte de colocation pour adolescents où des éducateurs nous aident à devenir autonomes, explique-t-il. C’est moi qui ai demandé à venir ici, mais pour y être admis, il faut un projet solide.” Un projet, autrement dit, une vraie réflexion sur ce qu’il veut faire de sa vie. Pour Yann, c’est devenir pompier professionnel. Le jeune homme a débuté l’an dernier un CAP Agent de sécurité et ne compte pas s’arrêter à ce seul diplôme qui, une fois en poche, lui permettra d’intégrer une Seconde Bac professionnel de la même spécialité. “Ensuite, je pense m’engager au moins 5 ans dans l’armée. En attendant, je vais m’inscrire pour devenir pompier bénévole. Avec ce bagage, je pense que je ferai un bon sapeur !” En effet, et cela sera l’aboutissement d’un parcours qui, il le reconnaît lui-même, n’a pas toujours été facile.

 

DES DÉBUTS COMPLIQUÉS

 

Yann et sa petite sœur sont arrivés au village d’enfants SOS de Busigny alors qu’ils n’avaient respectivement que 5 ans et 3 ans. “Notre mère est décédée en 2008 d’un accident et mon père n’était pas capable de nous éduquer, explique-t-il. Déjà, avant la disparition de notre mère, qui souffrait d’alcoolisme, cela ne se passait pas bien à la maison.” La famille était d’ailleurs suivie par les services de l’Aide Sociale à l’Enfance à travers des mesures d’accompagnement à domicile. “Après la disparition de notre mère, nous sommes partis vivre chez un oncle et une tante. Notre père l’a très mal vécu, car, à ses yeux, notre tante avait trop tendance à vouloir remplacer notre mère. Il a demandé notre placement au bout d’un an.” Yann n’a pas de souvenir de son arrivée au village, mais il assure : “inconsciemment, je savais que c’était ce qui pouvait m’arriver de mieux”.

Le jeune reconnaît qu’il était un enfant au comportement difficile. “J’étais mal dans ma peau, j’avais l’impression de me faire disputer pour rien en permanence, raconte-t-il. Avec le recul, je regarde l’enfant que j’étais comme un gamin pas tout à fait « normal ». Mais, je le comprends ce petit, rien n’était facile pour lui. C’est vrai, mon comportement n’était pas toujours adapté et il y a des choses que je n’aurais pas dû faire. Mais quel enfant, quel adulte, ne fait pas des erreurs ?”

La séparation avec son père fut compliquée pour Yann. Pourtant, lorsqu’il le voyait les week-ends ou pendant les vacances, les séjours se passaient souvent mal. “À l’époque, celui-ci était perdu et il ne savait pas comment agir avec nous. Souvent, lors des visites, nous recevions des coups… Je comprends que nous en ayons été éloignés, malgré tout j’ai toujours eu de l’amour pour lui, je l’ai toujours excusé. Ces dernières années, si j’avais pu retourner vivre à ses côtés, je l’aurais fait.”

Question paternité, Yann a bien l’intention de devenir un jour père à son tour. “C’est ce qu’il y a de plus beau, c’est presque un rêve d’enfant pour moi. J’ai envie de montrer qu’on peut ne pas reproduire les erreurs de nos parents…”

Bien qu’il ait connu des difficultés au sein du village d’enfants SOS, Yann y a aussi vécu beaucoup de moments heureux, notamment avec l’une de ses mères SOS, Annie H., qu’il tient à citer. “J’avais alors 7 ou 8 ans et j’étais un vrai diable, un gamin pas sage du tout. Annie devait souvent me recadrer, mais elle comprenait mes colères, elle savait trouver les mots qu’il fallait.”

 

MÛRIR ET FAIRE GRANDIR

Yann qui avoue avoir longtemps souffert d’un manque de maturité se sent bien à l’Espace de Transition. “Parce que nous sommes entre ados, je me sens porté pour grandir. Dans les maisons SOS nous sommes trop protégés pour un caractère comme le mien : j’étouffais un peu. Ici, il me reste encore à travailler sur la question de l’argent, sourit-il. J’ai tendance à dépenser dès que j’ai quelques euros dans la poche!” S’il aime l’indépendance, Yann n’est pas pour autant d’un tempérament égoïste, bien au contraire. En témoigne son engagement pour l’Espace Village de Consultation des Jeunes (EVCJ), une instance qui permet aux jeunes accueillis dans les villages d’enfants SOS de porter la parole des enfants et proposer des aménagements de leur cadre de vie.

“Fin juin, nous avons inauguré une salle dédiée aux adolescents du village dont la création avait été défendue par l’EVCJ, raconte Yann. Ce jour-là j’ai pu recroiser Gilbert Cotteau, le fondateur de SOS Villages d’Enfants France que j’avais déjà rencontré lors du 60e anniversaire du village de Busigny.” Cet anniversaire fut un moment important pour Yann qui, à cette occasion, fit visiter les maisons nouvellement réhabilitées à des anciens de Busigny et à des salariés d’autres villages d’enfants SOS de France.

“Busigny fut le premier village ouvert en France, ajoute le jeune homme. Prendre la mesure de son évolution pendant toutes ces années, c’est fort ! Si je me suis inscrit à l’EVCJ, c’est aussi pour faire entrer mon nom dans l’histoire de ce village d’enfants SOS. J’y ai été placé, j’ai beaucoup reçu, mais avec l’EVCJ je lui ai aussi apporté quelque chose. À mon niveau, j’ai aidé le village d’enfants SOS Busigny à grandir. C’est beau, non ?” 

Dans 3 mois, Marion ne pourra
plus payer son loyer

Pour que majeur ne rime plus avec peur,
protégeons les jeunes de nos Villages SOS.

Découvrez notre action