“J’ai eu de la chance de grandir là” - SOS Villages d'Enfants

“J’ai eu de la chance de grandir là”

Lolita est une jeune femme qui ne cache pas avoir du “caractère”. Elle est aussi très reconnaissante à l’association de lui avoir permis de grandir avec son petit frère et sa petite sœur et de l’avoir aidée à surmonter de lourdes épreuves.

 

Lolita a 20 ans et démarre une carrière prometteuse d’auxiliaire de puériculture, profession dont elle est diplômée depuis le 4 décembre 2020. “C’est le métier que j’ai eu envie d’exercer depuis toujours”, assure-t-elle. “C’est certainement lié à mon histoire personnelle”. Lolita a quitté le village d’enfants SOS de Calais en janvier dernier. Plus précisément, elle a quitté l’un des studios de l’association qui sert de sas entre la vie au sein d’une maison familiale et la vie en totale indépendance. “La transition a été super”, s’enthousiasme la jeune femme. “J’ai commencé par passer des week-ends au studio, puis des petites périodes de vacances et je suis devenue autonome peu à peu”.

 

Lolita est en couple avec Guillaume qui, lui aussi, est un ancien du village d’enfants SOS. Ils vivent à Calais, d’abord parce que c’est dans la maternité de la ville que Lolita a décroché ses premiers contrats professionnels. Ensuite parce que Lolita n’avait pas envie de s’éloigner du village d’enfants SOS où elle a tant d’attaches. “J’ai eu de la chance d’avoir ce placement”, dit-elle. “Je n’aurais pas vécu tout ce que j’ai vécu si je n’avais pas grandi là”.

 

Comme tous les enfants des villages SOS, son début dans la vie n’avait pas été des plus heureux. Lolita est arrivée au village d’enfants SOS de Calais à l’âge de 6 ans, accompagnée d’une petite sœur et d’un petit frère respectivement âgés d’un et deux ans. Jusqu’alors, tous les trois vivaient dans des familles d’accueil différentes. La fratrie compte encore trois autres enfants. Un autre petit frère pour qui il avait été jugé préférable qu’il reste dans sa famille d’accueil et deux derniers enfants nés plus tard et que Lolita ne connaît pas, mais qui ont également été placés, l’un dans une institution, l’autre chez une famille d’accueil.

 

“J’ignore les détails des raisons de mon placement et je ne veux pas tout connaître”, explique Lolita. “Mais je sais qu’il y avait des violences conjugales permanentes dont nous étions les témoins. À l’évidence, il y avait aussi de grosses carences en matière d’éducation et d’affection”.  

 

Trop petite pour avoir gardé des souvenirs précis de ses premiers jours au village d’enfants SOS, Lolita se souvient toutefois d’avoir été impressionnée par la taille de la maison. “Mais ce qui m’a le plus marquée, c’est de retrouver mon frère et ma sœur, ou plus exactement, de les découvrir, car je ne les connaissais pas puisque nous étions dans nos familles d’accueil respectives depuis un an. Je sais aussi que je n’ai pas eu besoin de beaucoup de temps pour me sentir chez moi et m’y sentir bien”.

 

La jeune femme avoue toutefois que, dès le départ, devoir partager sa mère SOS fut un crève-cœur. “J’étais très jalouse ! Les attentions de Lydie envers les autres enfants de la maison me semblaient souvent injustes. Si je veux être tout à fait honnête avec moi-même, je crois que je n’ai accepté ce partage que quelques mois avant de quitter le village d’enfants SOS. Je suis restée très proche de Lydie ; je lui dois tant ! C’est ma maman de substitution, c’est elle qui a fait toute mon éducation, m’a donné ma stabilité, mes valeurs… même si bien sûr nous avons connu des périodes compliquées”.

 

Lolita fut, en effet, en conflit avec les équipes du village d’enfants SOS qui encourageaient la bonne élève qu’elle était à passer un bac général. Mais quant à elle, elle tenait à exercer auprès des enfants dès que possible. “Je reconnais avoir été butée !”, sourit-elle. “Ma mère SOS, les éducateurs du village d’enfants SOS, le directeur… tous pensaient que je gâchais mon talent. Aller en filière générale n’était pas mon envie, seulement la leur”. Lolita craignait aussi que sa moyenne s’effondre, “alors qu’en filière Pro’, j’ai eu mon Bac avec mention !”

 

Lolita n’a par ailleurs jamais caché son statut d’enfant placée à ses copains de classe. “Je ne sais pas mentir. Et puis cela n’a jamais été un motif de honte, au contraire”. Son seul souci avec cette transparence : devoir sans cesse expliquer le fonctionnement d’un village d’enfants SOS. “Personne ne connaît le concept d’une vie familiale épaulée par une équipe de professionnels. C’est compliqué à faire comprendre”.

 

Une équipe qui fut très présente pour la soutenir après le décès de son père en 2016. Pendant des années, celui-ci avait cessé de donner des nouvelles à ses enfants. “Et j’avais fini par l’oublier”, raconte Lolita. Mais un jour, il refait surface. L’adolescente choisit d’abord de l’ignorer puis, bien des mois plus tard, accepte de le revoir. “J’ai appris le jour de nos retrouvailles qu’il venait de tomber gravement malade. Il est mort peu après. Je m’en suis beaucoup voulu, je culpabilisais. J’ai dû faire un travail sur moi et l’aide de la psychologue du village d’enfants SOS fut déterminante”. Mais ce que Lolita retient surtout de ces douze années au village d’enfants SOS de Calais, ce sont ses bons souvenirs. “Le meilleur? Mais c’est impossible de choisir”, assène la jeune femme qui énumère pêle-mêle ses neuf ans d’équitation, ses vacances en Espagne, en Aveyron, un voyage à Disney, les fêtes, les séjours avec le PEPS (Programme d’épanouissement par le sport)… “J’ai eu une belle vie… Carrément !”.

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