Ma Mère SOS m’a sauvée - SOS Villages d'Enfants

Ma Mère SOS m’a sauvée

Marie-Paule Roussel le dit sans détour, avoir été placée au village d’enfants SOS de Calais lui a sauvé la vie. C’est aujourd’hui elle qui aide d’autres enfants à réussir leur vie.

 

Au bout du jardin de l’habitation de Marie-Paule Roussel se trouve l’une des maisons du village d’enfants SOS de Calais. Là même où elle a vécu de ses 13 ans jusqu’à sa majorité. Marie-Paule n’avait pas spécialement cherché à habiter ce quartier, c’est un clin d’œil du hasard ; un clin d’œil heureux.

 

“Lorsque je suis arrivée au village d’enfants SOS avec cinq de mes frères(1) et sœurs en août 1977, j’ai immédiatement mesuré ma chance, se souvient-elle. Je ne me suis jamais rebellée contre ce placement, au contraire, j’ai tout fait pour que ce changement de vie radical marche”.

 

Changement radical en effet, puisque les enfants vivaient jusqu’alors avec des parents très défaillants. Les petits n’ont toutefois jamais eu à subir de maltraitances physiques “mais, précise Marie-Paule, notre père, marbrier, était toujours absent et il ne s’impliquait pas du tout dans notre éducation. Malheureusement, notre mère avait, elle, de très gros problèmes comportementaux dus à une addiction ”. Cette dernière étant souvent hospitalisée, les enfants faisaient régulièrement des séjours en foyer. La famille vivait à Roubaix mais le couple était originaire de Bretagne pour lui et de Normandie pour elle. Les enfants n’avaient donc aucun proche vers qui se tourner.

 

“Notre mère est décédée en 1976, poursuit Marie-Paule. Notre père n’était pas  en capacité de nous garder. Trop égoïste sans doute, pas assez disponible ni apte pour s’occuper de 8 enfants”.

 

Lorsque la fratrie s’installe à Calais, Denise Plé, leur Mère SOS, est frappée par les retards scolaires des enfants. “Et pour cause, souligne l’intéressée. Mes frères et sœurs et moi étions souvent livrés à nous-mêmes. Sans adulte pour nous cadrer, nous séchions beaucoup l’école”. Celle que les enfants vont très vite appeler “Maman” prend les choses en main. “Denise fut extraordinaire, se souvient Marie-Paule. Éducatrice de jeunes enfants de profession, elle nous a motivés et épaulés pour nous aider à rattraper nos lacunes” ce qui n’a pas toujours été facile pour tous. Après deux classes dites de transition, Marie-Paule intègrera sans difficulté une 4e classique. Les enfants gardent contact avec leur père qui vient leur rendre visite au village d’enfants SOS de Calais. Malgré tout, il finira par signer les documents d’abandon officiel. “Je suis devenue Pupille de l’État, comme l’était d’ailleurs ma mère”. Un statut que Marie-Paule découvrira quelques années plus tard.

 

Dans son nouvel environnement, Marie-Paule s’épanouit, c’est une adolescente sans problème. Elle mettra toutefois un peu de temps à trouver sa voie professionnelle. En 1993, elle passe un BEP Commerce, en 1996 un DEUST Systèmes d’Information, Numérique et Électronique avant de suivre une formation pour devenir monitrice éducatrice en 2002. “J’ai alors intégré l’Établissement Public Départemental chargé de l’Accueil de l’Enfance et de l’Adolescence Handicapées où j’ai principalement travaillé avec des adolescents autistes”. En parallèle, Marie-Paule devient membre de l’A.D.E.P.A.P.E 62(2), une association départementale d’entraide des personnes ayant été accueillies en Protection de l’Enfance. Elle intègre aussi le Conseil des familles des pupilles de l’État, une instance de soutien, conseils et accompagnement qui aide à répondre aux besoins fondamentaux de chaque enfant et qui donne son avis lors des projets d’adoption le concernant.

 

La pupille de son cœur

“Un jour de 2002, Marie-Paule est contactée par un membre d’une A.D.E.P.A.P.E qui lui demande si elle connaît une personne pouvant rendre visite à une petite fille. Cette petite fille, âgée de 2 ans, pupille elle aussi, était hospitalisée à Calais en attente d’une greffe et elle était seule. Personne ne venait lui rendre visite”. Évidemment, Marie-Paule accepte la mission. Elle découvre une enfant qui commence à développer quelques troubles autistiques. “Elle ne parlait pas, ne marchait pas, mangeait peu, ne souriait pas, avait des stéréotypies telles que des balancements. Mais cela n’étant dû qu’à son hospitalisation, il fut possible de les corriger”.

 

Marie-Paule et son mari rendent visite à la petite une fois leur journée de travail achevée. Peu à peu ils l’accueillent chez eux le week-end et, bien sûr, l’affection est croissante. “En grandissant, Charlotte ne comprenait pas pourquoi elle pouvait avoir une vie de famille les week-ends mais qu’elle devait retourner à l’hôpital en semaine”. Marie-Paule monte alors un dossier pour devenir famille d’accueil. Dès qu’il est accepté par l’administration, elle se met en disponibilité. Le couple se forme alors à la dialyse pour pouvoir accueillir l’enfant et médicalise l’une des chambres. Début 2013, Charlotte s’installe chez eux. Le hasard, encore lui, voudra que la petite puisse recevoir une greffe de vessie puis d’un rein, deux ans plus tard.

 

“J’ai trouvé mon équilibre, dit Marie-Paule, et je le dois beaucoup aux membres du village d’enfants SOS de Calais et particulièrement à Denise que je continue de voir toutes les semaines. C’est une personnalité incroyable, d’un altruisme exceptionnel. Elle m’a sauvée. J’ai conscience que c’est dur à entendre mais le décès de notre mère nous a donné une seconde chance. Ce que j’ai fait en tant qu’éducatrice puis avec Charlotte est une manière de rendre ce que j’ai reçu de la part de SOS Villages d’Enfants”.

 

(1) Les deux aînés sont restés en foyer.

(2) Association Départementale d’Entraide des Personnes Accueillies en Protection de l’Enfance.

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