En protection de l’enfance, on entend parfois qu’il faut « garder une juste distance », « ne pas s’attacher », « rester professionnel ». Comme si aimer et être aimé était un risque, voire une erreur. Pourtant, cette édition des Assises nationales de la protection de l’enfance a démontré tout le contraire : les liens d’attachement sont essentiels au bon développement de l’enfant. Chez SOS Villages d’Enfants, et depuis sa création il y a près de 70 ans, l’attachement est au cœur de nos actions.
Durant ces deux jours, nous avons pu mieux comprendre les enjeux de la sécurité affective, explorer les outils qui soutiennent les parcours de vie des enfants confiés et partager les pratiques qui favorisent des liens durables et réparateurs.
SOS Villages d’Enfants, partenaire de cet événement depuis de nombreuses éditions, a été une nouvelle fois très impliquée en intervenant dans deux temps forts : un atelier thématique dédié aux fratries et une prise de parole lors de la dernière plénière intitulée « Quelles exigences du côté des organisations ? ».
Le vendredi 21 juin, l’association a apporté son expertise lors de l’atelier consacré aux liens fraternels en contexte de placement. Ce sont Anne-Violette Vachot, pyschologue, et Christine Vaerwich, éducatrice familiale, qui se sont exprimées sur l’expérience d’accompagnement des enfants accueillis en villages d’enfants SOS, à partir de situations cliniques où un travail sur l’attachement a permis de restaurer des liens bénéfiques au sein de fratries. Elles ont pu expliquer à l’assemblée la manière dont elles ont accompagné l’évolution de deux fratries et de leurs liens.
Dans ces cas, l’éducatrice familiale et l’équipe pluridisciplinaire du village d’enfants SOS ont eu un rôle déterminant : en apportant un cadre stable, une sécurité affective et une continuité éducative, permettant aux enfants de se construire individuellement et reconstruire des liens fraternels solides et bienveillants.
La dernière plénière des Assises nationales de la protection de l’enfance a exploré une question essentielle : comment les institutions peuvent-elles soutenir durablement les professionnels engagés auprès des enfants ? L’engagement émotionnel est une richesse, mais peut aussi être facteur de fatigue.
À ce titre, Christophe Chabrier, Directeur Général Adjoint en charge des actions en France de SOS Villages d’Enfants, a livré une intervention sur les défis du terrain tout en présentant les actions mises en place par l’association pour créer des liens d’attachement et soutenir les équipes.
Christophe Chabrier
Directeur Général Adjoint en charge des actions en France
Il faut être bien dans sa peau pour bien s’occuper des enfants.
Chez SOS Villages d’Enfants, cette affirmation se traduit par un management de proximité et sécurisant, pensé pour garantir la sécurité émotionnelle des professionnels afin qu’ils puissent à leur tour sécuriser les enfants qu’ils accompagnent.
Christophe Chabrier a souligné deux points clés. Le premier est le bien-être des équipes comme priorité managériale. Dans un métier où les enjeux affectifs sont forts et la charge mentale importante, l’organisation doit offrir un cadre cohérent, prévisible et stable. Cela passe par la reconnaissance de l’engagement émotionnel comme une compétence professionnelle à part entière et la formation continue permettant une montée en compétence sur bien des sujets tout au long de sa carrière.
Le deuxième porte sur le l’importance de l’accompagnement de proximité et la force du collectif. En effet, les directeurs et directrices des villages d’enfants SOS se rencontrent une dizaine de journées par an permettant de partager les pratiques, ajuster les réponses, et garder un lien malgré la distance entre les villages en France. Aussi les directeurs territoriaux jouent un rôle structurant : ils offrent un appui quotidien aux professionnels des villages d’enfants SOS, et permettent de limiter les risques de décrochage professionnel ou de tensions internes.
Tout au long de ces Assises nationales de la protection de l’enfance, les témoignages et interventions des professionnels et grands témoins ont été riches. Ces derniers et les outils partagés ont rappelé l’importance capitale des liens d’attachement dans le développement de l’enfant. Anne Devreese, présidente du CNPE, en conclusion, a rappelé que la qualité des liens d’attachement se construit collectivement, et que cette responsabilité engage les institutions, les professionnels, mais aussi les politiques publiques.
Ces deux jours ont confirmé la conviction centrale de SOS Villages d’Enfants : le lien d’attachement est le socle de nos actions et la clé de tout accompagnement réussi.