8 ans d'actions de SOS Villages d'Enfants durant la guerre en Syrie

8 ans de guerre civile en Syrie, comment SOS Villages d’Enfants soutient les enfants en détresse

Depuis près de quarante ans, SOS Villages d’Enfants s’occupe d’enfants vulnérables en Syrie. Le premier village d’enfants SOS a ouvert en 1981.

 

Le 15 mars 2011 marque la date du début de la guerre civile du pays, ainsi que la répression des manifestations inspirées du printemps arabe.

 

 

 

 

 

Aujourd’hui, nous entrons ainsi dans la huitième année de conflit et plus de 5 millions d’enfants sont toujours dans l’urgence humanitaire.Depuis ses débuts, la guerre civile syrienne a eu de lourdes conséquences sur les enfants et les familles. SOS Villages d’Enfants Syrie a étendu son soutien aux familles touchées par la guerre tout en répondant également aux besoins des réfugiés, des situations d’urgence découlant de la guerre et d’autres troubles régionaux. 

 

Bien que le processus de réduction progressive des programmes d’urgence de SOS Villages d’Enfants ait commencé en 2018, le travail de SOS Villages d’Enfants Syrie en matière de soins et de protection des enfants se poursuit. Après plusieurs années de soutien aux enfants dans les centres d’accueil provisoires, la Syrie fait la transition vers des foyers en petits groupes et, dans les cas où des soins de longue durée sont nécessaires, vers les deux villages d’enfants SOS de Damas. L’organisation travaille également à la recherche et à la réunification des familles, ainsi qu’au soutien de la parenté.

 

  • Le programme d’urgence de SOS Villages d’Enfants Syrie :

 

 

Interview de Teresa Ngigi, conseillère en santé mentale et soutien psychosocial de SOS Villages d’Enfants, fournit un soutien aux enfants syriens pris en charge par SOS Villages d’Enfants.

 

Quelles sont vos observations générales sur la santé mentale des enfants avec lesquels vous avez travaillé en Syrie ?

 

Presque tous les enfants qui nous sont confiés ont subi un stress toxique d’une façon ou d’une autre. Beaucoup ont subi les conséquences de la guerre, de la haine et des catastrophes, et tous ont subi une forme ou une autre d’abandon. Parfois, certains de ces enfants sont assez hyperactifs – pas l’hyperactivité normale des tout-petits ou des enfants, mais une hyperactivité caractérisée par beaucoup d’agressivité. C’est particulièrement évident chez les garçons. Ce qui est frappant, ce sont les soignants de SOS Villages d’Enfants qui consacrent leur vie et leurs efforts à s’assurer que les enfants obtiennent tout ce dont ils ont besoin pour se reconstruire, tout en travaillant dans des circonstances très difficiles, et cela vous fait sentir qu’il y a un espoir.



Le stress de la guerre affecte-t-il les enfants d’autres façons ?

 

J’étais en Syrie le 20 janvier 2019 lors d’un bombardement en pleine nuit à Damas. On pouvait voir l’horreur que les enfants ont ressenti en entendant ces explosions mais aussi l’impuissance et la rigidité de certains.

Il est vrai que les enfants peuvent rebondir assez rapidement après de telles expériences. Cependant, je trouve que c’est tout un défi, surtout quand les enfants vivent encore avec ce stress toxique. Ils sont toujours terrorisés à l’intérieur, ils sont horrifiés.

Nous voyons aussi des cas d’enfants dont les parents sont morts ou ont tout simplement disparu, et les enfants ont été laissés seuls. Parfois, ils passaient d’une personne soignante à une autre ou vivaient dans la rue jusqu’à ce qu’ils trouvent un foyer aimant dans le cadre des programmes de SOS Villages d’Enfants.

Les enfants ont besoin d’être liés à leur famille – même s’il s’agit de parents éloignés – car un enfant qui n’est pas lié à une famille peut connaître une crise d’identité. Ils n’ont pas de sentiment d’appartenance.

C’est pourquoi il est si important que SOS Villages d’Enfants continue à investir dans la recherche des familles en Syrie. Savoir où sont les parents, même s’ils sont décédés, permettra à l’enfant de tourner la page. Bien que SOS Villages d’Enfants se concentre sur les soins de type familial et offre un foyer aimant, nous ne sommes pas les parents de ces enfants. Ils ont encore besoin d’une identité et d’un sentiment d’appartenance à leur famille.

 

 

Teresa Ngigi

Pendant une grande partie de la guerre, SOS Villages d’Enfants a mis en place des centres d’accueil provisoires pour les garçons et les filles qui ont perdu leurs parents ou sont séparés de leur famille. Ces enfants seront désormais pris en charge soit par SOS Villages d’Enfants, soit par des foyers en petits groupes. Pourquoi existe-t-il différents types de soins ?

Il y a des enfants qui ont perdu leurs parents ou dont les parents ont complètement perdu la capacité d’être parents. Dans ces cas, les enfants ont été placés dans des structures d’accueil familiales dans les villages d’enfants SOS Villages d’Enfants.

Pour les foyers en petits groupes, la différence est qu’il existe un plan de sortie pour chaque enfant – il peut s’agir d’un an ou de trois ans. Pendant qu’ils sont dans les foyers en petits groupes, suivant le plan de développement établi, on procède à un RTC intensif (recherche et réunification des familles) pour les enfants qui ont une famille biologique. Pour d’autres, on les aide à faire la transition vers des établissements pour jeunes ainsi qu’à mener une vie autonome et à réintégrer leur communauté. Parce que ces enfants ont connu un manque de stabilité dans le passé, nous faisons très attention, tout au long de ce processus de transition, à ne pas les déstabiliser davantage.

 

 

On estime à 3 millions le nombre d’enfants privés d’éducation en Syrie et des centaines d’écoles ont été détruites pendant la guerre. Comment cela affecte-t-il les enfants ?

 

L’école joue un rôle très important dans le développement de l’enfant. L’école n’est pas seulement un lieu pour apprendre à lire et à écrire. C’est un lieu de socialisation, un lieu pour apprendre à vivre en communauté. Les écoles ont beaucoup d’autres aspects positifs qui ne sont pas seulement académiques.

Cependant, très peu de choses ont été faites dans les écoles syriennes pour répondre aux besoins psychologiques des enfants. D’un point de vue psychologique, les enfants ont été exposés à beaucoup de stress toxique – même à l’école. Il y a un manque de ressources et l’État se concentre sur d’autres questions. Il y a donc un grand écart lorsqu’il s’agit de soutenir psychologiquement les enfants dans le contexte scolaire ou communautaire.

 

 

De toute évidence, le travail avec les enfants vulnérables en Syrie pose de nombreux défis. Y a-t-il des signes d’espoir ?

 

Les enfants et les personnes dont je m’occupe me donnent un nouveau souffle à chaque fois que j’y suis. Les collaborateurs de SOS Villages d’Enfants poursuivent leur travail malgré tous les défis. Et les enfants ont été capables de tisser des liens avec les personnes qui s’occupent d’eux, c’est incroyable. Beaucoup de ces enfants sont en pleine croissance. Ce ne sont pas des victimes passives, mais des survivants prospères. Ils ont pu redécouvrir qui ils sont, ils peuvent à nouveau faire confiance aux adultes.

 

SOS Villages d’Enfants a pu apporter la stabilité à de nombreux enfants. Et c’est pourquoi j’espère que nous continuerons à offrir cette stabilité, car nous sommes un rayon d’espoir pour de nombreux enfants.

 

 

 

 

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