SOS Villages d’Enfants à l’heure du déconfinement - SOS Villages d'Enfants

SOS Villages d’Enfants à l’heure du déconfinement

Les priorités associatives demeurent aujourd’hui aussi fortes que pendant la période de confinement et s’articulent toujours autour de deux axes fondamentaux :

 

Assurer la continuité de la prise en charge des enfants et jeunes accueillis en villages d’enfants SOS et établissement, dans les meilleures conditions possibles ;

 

Garantir la sécurité des enfants, des jeunes et des professionnels qui les entourent.

 

Et en ce début de la phase de déconfinement, les enjeux sanitaires, au cœur de la sécurité de tous, se révèlent encore plus forts. Les risques auxquels enfants et adultes sont exposés en effet à davantage de risques depuis la levée du confinement strict et le plus grand nombre de personnes circulant à l’extérieur et la vigilance ne faiblit pas, en lien et dans le respect des consignes nationales.

 

Les gestes barrières adoptés depuis le début de l’épidémie, ainsi que les mesures d’hygiène et de distanciation sociale, doivent ainsi être scrupuleusement maintenus à la sortie du confinement, « pour se protéger et protéger les autres » du Coronavirus, tant pour les professionnels que pour les enfants et les jeunes.

 

Depuis le 11 mai 2020, le port d’un masque est obligatoire pour l’ensemble des collaborateurs en village d’enfants SOS/établissement. Il n’est pas obligatoire dans les maisons familiales mais doit être porté pour toute sortie extérieure. Lorsqu’un groupe de 10 enfants de plus de 12 ans participent à une activité extérieure, le port du masque est obligatoire.

 

Adaptation et mobilisation

 

Afin de poursuivre et réussir cette mission, il est indispensable de veiller à ce que les professionnels qui accueillent et prennent en charge au quotidien les enfants soient soutenus et leurs besoins pris en compte. L’information de tous est primordiale, qu’elle concerne l’épidémie, les décisions ou l’organisation que l’association est appelée à mettre en œuvre.

 

L’association s’est dotée depuis début mars 2020 d’une cellule de gestion et de suivi du coronavirus, qui se réunit au minimum une fois par semaine et est joignable à tout moment. Pour la reprise d’activité post-confinement, cette cellule s’attache à garder un lien étroit avec les villages d’enfants SOS et établissement.

 

Les consignes et la position définies par l’association pour cette phase de déconfinement sont déclinées localement par chaque village d’enfants SOS et établissement, territorialisées en fonction de ses particularités, de ses moyens matériels et humains, de sa situation géographique, de son environnement, des directives ou restrictions de la municipalité ou du département. Il en est ainsi de la reprise progressive de la scolarité ou des droits de visite des parents, le déconfinement générant davantage de situations particulières que le confinement. Les directeurs sont directement soutenus et accompagnés, dans leur propre plan de déconfinement, par des équipes dédiées du siège de l’association. Les priorités associatives, telles que les mesures sanitaires, demeurent cependant inchangées quel que soit le contexte.

 

L’une des difficultés pour l’association, et la complexité, résident dans la nécessité d’une adaptation permanente à la reprise progressive des activités comme à l’évolution de la situation et des consignes au niveau national. Pour les villages d’enfants SOS et établissement, cette adaptation doit aussi tenir compte du contexte départemental et local. La charge de travail liée à une organisation qui doit être repensée sans cesse est lourde pour les professionnels. Les renforts en ressources humaines mis en place lors du confinement sont prolongés.

 

S’ajoutent les incertitudes qui demeurent pour la période à venir… La vision associative à moyen terme intègre une dimension d’apprentissage dans cette nouvelle phase que nous abordons : il s’agit aujourd’hui « d’apprendre à vivre avec » cette situation inédite.

 

Situation à laquelle tous continuent à faire face avec une détermination sans faille, puisant leur force dans une mobilisation, une solidarité et un engagement toujours intacts.

Lundi 18 Juin – Au village d’enfants SOS de Jarville

Une organisation par pôles

 

« Lors du confinement, les 10 maisons familiales étaient regroupées en 3 pôles en lien avec la topographie des lieux, soit 9 maisons familiales regroupées et un appartement », explique Vincent Léger, directeur du village d’enfants SOS de Jarville (Meurthe-et-Moselle). « Une organisation qui permettait à des membres de l’équipe du village SOS d’intervenir sur 3 maisons dans l’objectif de minimiser les interactions. Le « chef de pôle » répartissait le travail : scolarité, animations… L’équipe de la maison commune avait pu être renforcée, sur les volets animation et scolarité, par une dizaine de volontaires par l’intermédiaire de la plateforme « Réserve citoyenne ». Cela permettait de cibler un nombre précis d’intervenants, en dédiant 5 personnes, professionnels et/ou volontaires, à chaque pôle ».

 

Les sorties s’effectuaient par rotations, maison par maison, avec deux adultes dont un de l’équipe de la maison commune, dans le périmètre du village d’enfants SOS. « Et également dans un parc de 3 hectares à 500 mètres du village SOS, mis à notre disposition grâce à l’Institut des jeunes sourds : espaces verts, terrain de foot, d’athlétisme… ».

 

Une reprise en douceur

 

« Lors du déconfinement, nous avons souhaité conserver ce fonctionnement par pôles, avec le travail scolaire le matin les animations et sorties l’après-midi. Les sorties peuvent cependant maintenant se faire par pôle. Les courses sont limitées (achat de vêtements si c’est nécessaire par exemple). La voiture est privilégiée pour éviter les transports en commun. Tous ont intégré les gestes barrières et les mesures sanitaires ».

 

La reprise de la scolarité se fait progressivement. A partir du 25 mai, 50 % des enfants de maternelle et primaire ont repris tous les jours le chemin de l’école (à raison de 6 à 8 élèves par classe). A partir du 8 juin, ce fut le tour de 50 % des collégiens, 2 jours par semaine en fonction des établissements.

 

« Bien sûr, la nécessité de poursuivre le suivi scolaire est toujours là et l’équipe a été et est vraiment remarquable sur cette question. Globalement, on constate un bon niveau scolaire, avec même des effets positifs du confinement sur certains enfants ».

 

Reprise en douceur également des liens parents/enfants mi-mai avec les visites médiatisées dans une maison mise à disposition, protocole sanitaire strict (prise de température, déclaration de « non Covid…). « Les visites pouvaient avoir lieu dans la véranda, le jardin… ».

 

Puis les droits d’hébergement. « Retrouver leurs parents correspondait à une attente importante pour certaines fratries. Une dizaine d’enfants sont concernés par un projet de retour en famille ».

 

Autres motifs de soulagement : des sorties progressives et maîtrisées pour les ados et les jeunes majeurs. « Et pour les ados, retrouver une forme de normalité, les copains ‘en vrai’, pas que sur les réseaux ! ».

 

« Il n’y a pas d’inquiétude vis-à-vis de la situation sanitaire ni de la reprise de la scolarité. Tous sont plutôt sereins. Et aussi les adultes ! »

Lundi 15 Juin – Au village d’enfants SOS de Persan 

 

Découvrez l’interview de Séverine Libéral, directrice du village d’enfants SOS de Persan sur la radio Alternative FM évoquant la période de confinement au village d’enfants SOS : http://www.alternativefm.fr/wp-content/uploads/SITE-WEB-ALT.mp3

Lundi 15 Juin – Au village d’enfants SOS de Besse-sur-Issole 

 

Le 17e village d’enfants SOS de France a ouvert ses portes en février 2020 dans le Var.

 

« Au début du confinement, 13 enfants, arrivés en février et mars, vivaient dans 3 maisons familiales », explique Valérie Gauthier, la directrice. « Comme il y avait peu d’enfants, et compte tenu de la configuration et de l’environnement du village SOS, ils avaient le droit de sortir des maisons mais bien sûr pas du village. Le chef de service éducatif et moi-même faisions les courses. Les mères SOS étaient constamment présentes. Nous n’avons eu aucun cas de Covid-19, tous les salariés étaient mobilisés. Et nous avons pu ouvrir, en plein confinement, une 4e maison familiale ».

 

L’accueil de nouveaux enfants

 

Une fratrie de 3 enfants a ainsi été accueillie début mai : « Des jumeaux de 3 ans et une petite fille de 6 ans, qui sont, eux, restés confinés dans la maison pendant 14 jours avec la mère SOS qui avait pris ses fonctions pendant le confinement. Ils ne pouvaient sortir que dans un espace délimité, afin d’éviter tout croisement. Pour équiper la nouvelle maison en avril, nous étions en lien avec Ikéa à Toulon : nous avons pu commander le mobilier, nous sommes allés le chercher.et le service conformité du département a validé l’ouverture ! »

 

En avril, une petite fille avait rejoint ses sœurs aînées dans la 3e maison familiale… Et d’autres enfants sont arrivés les 25 et 26 mai.

 

« Aujourd’hui, 19 enfants de 1 à 13 ans vivent au village d’enfants SOS. La majorité d’entre eux ont de 3 à 6 ans. Début juillet, 10 autres enfants doivent être accueillis ».

 

Une situation particulière

 

« Pendant le confinement, nous nous sommes retrouvés dans une situation d’autant plus particulière que le village d’enfants SOS est nouveau et venait d’ouvrir ses portes. Nous avons d’ailleurs poursuivi l’ouverture durant cette période. En conséquence, nous étions face à des enfants et des adultes qui ne se connaissaient pas, auxquels un « vivre ensemble », un lien étaient « imposés » H24 !

 

Le déconfinement a été le bienvenu en ce qu’il a permis d’apaiser les tensions. Les mères SOS ont pu aller sur l’extérieur avec les enfants, les emmener pour faire les courses… Les activités reprennent : pique-nique à la cascade, jeux au parc, balades au bord de la plage… Des occasions de faire réellement connaissance. Et le retour à la liberté ! ».

 

Incertitude et soulagement

 

Il a fallu rassurer face aux craintes concernant la maladie : « Toute l’équipe a fait un gros travail d’information et de sensibilisation. Tout le monde met un masque lors des sorties, nous avons toujours du gel sur nous. Les véhicules sont désinfectés au retour. Ce sont maintenant des automatismes ! Au sein du village d’enfants SOS, l’équipe ne met plus de masques mais les personnes extérieures le font ».

 

Un autre motif de soulagement pour les enfants : la reprise des visites des parents. « De manière progressive, d’abord une fratrie, puis une autre et sur l’extérieur, par exemple au Parc de Besse-sur-Issole. C’était long pour les enfants sans les parents. Et nous avions dès fin avril des demandes des parents ».

 

La reprise de la scolarité est fonction des établissements locaux. « Des conditions qui nous laissent dans l’expectative : la maternelle n’est pas obligatoire, le « grand » de 13 ans, lui, peut aller au collège ». Le suivi scolaire se poursuit. « De même que les temps ludiques, les activités artistiques comme la musique ou le temps ‘contes, avec les éducateurs’. Une maison avait été aménagée avec des espaces de jeux… ».

 

« Je tiens à souligner aussi la solidarité dont a bénéficié le village d’enfants SOS, de la part des travailleurs sociaux du département comme des habitants de la commune de Besse-sur-Issole. Nous avons reçu des dons de jeux, de livres… ».

Mardi 6 Juin – Au village d’enfants SOS de Beauvais-sur-Matha

 

« Le déconfinement est en fait un peu plus compliqué à gérer que ne l’était le confinement ! », explique Laurence Foucault, directrice du village d’enfants SOS de Beauvais-sur-Matha (Charente-Maritime). « Pendant le confinement, les règles étaient claires et les enfants comprenaient la situation. Or à l’inverse, la phase de déconfinement s’avère pleine d’incertitudes, ce qui déstabilise les enfants, et pas seulement eux… ».

 

Une phase d’incertitude

« Par exemple, les enfants pensaient que tout serait terminé le 11 mai. Mais les maisons familiales n’ont pas été complètement déconfinées. Je ne me suis d’ailleurs pas sentie moi-même totalement ‘rassurante’ sur le déconfinement. Ainsi, lors d’une réunion que j’ai organisée à l’extérieur sur la pelouse pour donner des explications, je me suis réellement rendu compte de la complexité de la situation. Il n’y a pas d’angoisse par rapport au virus lui-même, les gestes sanitaires sont clairs. C’est bien l’incertitude qui est anxiogène, le « flou ». Les réactions sont très variables. Les tout-petits s’adaptent plus vite. Mais certains enfants viennent me voir presque tous les jours pour savoir s’ils ont le droit de faire telle ou telle chose ou non. Et une collégienne est revenue en pleurs après la reprise, déstabilisée par la nouvelle organisation… ».

 

Tous les enfants rescolarisés

« Le département était favorable au retour à l’école ». L’école maternelle et primaire de Beauvais-sur-Matha a ainsi rouvert le 12 mai : « Le lien avec la directrice de l’établissement a été permanent, avec des informations sur les mesures sanitaires mises en place : signalétique, gestes barrière, pas d’adulte extérieur dans les locaux… L’école a même envoyé une photo avant la ‘rentrée’ pour que les enfants puissent visualiser leur classe réaménagée ».

L’école de Matha a rouvert le 18 mai, comme les deux collèges fréquentés par des enfants du village SOS. « Dans les écoles, la classe a lieu deux jours par semaine. Les instituteurs ont des masques. L’école de Beauvais-sur-Matha a aussi repris la cantine, avec bien sûr toutes les précautions requises. Dans les collèges, le rythme est d’une semaine sur deux et tous portent des masques. Les élèves ne changent pas de classe, ce sont les enseignants qui « tournent ». La reprise a été progressive mais depuis début juin, tous les enfants du village SOS sont rescolarisés ». Du fait des nouveaux rythmes des établissements, le suivi scolaire est maintenu au village SOS. « Les enfants peuvent maintenant venir à la maison commune voir l’éducatrice scolaire, par groupes de deux ou trois ou individuellement. Ils poursuivent leur travail scolaire dans la maison familiale ».

 

Les activités extérieures

« Depuis début juin, les rencontres sont possibles entre les enfants dans le village SOS mais à l’extérieur des maisons : 10 enfants au maximum avec un adulte garant des gestes barrières. Et le ballon est interdit !

Les sorties à l’extérieur reprennent, également par groupes de 10 enfants au maximum, avec 2 adultes : baignade dans un plan d’eau, sorties à la plage, d’abord en « dynamique »… Le centre équestre ayant rouvert ses portes, deux jeunes filles ont repris l’équitation, accompagnées par leur mère SOS. Et il y a déjà eu une sortie vélos, ceux-ci étant désinfectés au retour naturellement.

Le confinement représentait deux mois d’une vie et les enfants ont intégré en fait davantage de réflexes que les adultes ! Ainsi une petite fille expliquait d’elle-même les règles sanitaires à la thérapeute avec laquelle elle reprenait les séances… ».

 

« La reprise des sorties à l’extérieur représente un vrai soulagement, pour les enfants mais tout autant pour les adultes, même ceux qui sont habituellement plutôt casaniers ! On constate même davantage de rendez-vous, de sorties entre les maisons familiales. On souhaite voir les voisins ! Ce qui montre bien le manque ressenti lors du confinement… 

Mercredi 3 Juin – Au village d’enfants SOS de Gémozac

Au village d’enfants SOS de Gémozac« Il n’y a pas eu d’angoisse par rapport au déconfinement, ni de la part des enfants, ni de la part des adultes », précise Elsa Da Silva, directrice du village d’enfants SOS. « Le respect des mesures sanitaires, des gestes barrières, est rassurant ».

 

Le retour à l’école

 

« La scolarité reprend de manière progressive, en fonction de l’organisation des établissements locaux. En mai, sur 33 enfants, dont 28 susceptibles d’être rescolarisés, ils étaient en mai 10 à reprendre la scolarité, 8 en primaire et 2 au collège, la plupart à temps partiel et 6 à temps plein. Les enfants sont très demandeurs pour ce retour à l’école, ils ont hâte de retrouver leurs copains ! L’objectif pour juin est que chaque enfant puisse y aller une journée par semaine ».

 

Le suivi scolaire se poursuit donc au village d’enfants SOS, avec les devoirs transmis par les enseignants. « Les enfants sont ainsi « en classe » tous les jours. Ils peuvent maintenant venir à la maison commune, aux espaces aménagés. La salle de réunion est devenue une salle de classe ! Les enfants sont par petits groupes de niveau, à raison de 5 enfants au maximum, parfois individuellement, selon un planning précis. Seuls les ados portent des masques mais la distanciation et les gestes barrières sont la règle ».

 

Sortir à nouveau

 

Si les enfants peuvent se rendre à la maison commune, ils ne peuvent pas encore se retrouver tous entre eux, « sauf les ados, avec un adulte, pour faire du vélo par exemple. C’est lié au respect plus facile des gestes barrières ».

 

« Et les sorties en bord de mer ont enfin pu reprendre ! En dynamique le week-end de Pentecôte et librement à partir du 2 juin. Ce sont les enfants d’une même maison familiale qui sortent ensemble avec un adulte, sans masques. Ils sont ravis, c’est toujours une fête d’aller à la plage, surtout avec la chaleur ! C’était vraiment un manque ».

 

La vigilance est toujours d’actualité : masques et gel hydroalcoolique disponibles à l’entrée de la maison commune, un seul membre de l’équipe à la fois en visite dans une maison familiale… « Il faut trouver le juste équilibre entre respecter les règles sanitaires indispensables et répondre aux besoins, en évitant un effet paradoxal d’isolement au temps du déconfinement ». Une grande satisfaction : « On constate que les gestes sanitaires sont réellement entrés dans les habitudes de chacun, enfant ou adulte ! ».

 

« Et, à l’heure du déconfinement, nous avons dû faire face à une urgence absolue, les sorties shopping pour acheter de nouveaux vêtements aux enfants car ils ont grandi en deux mois ! Les enfants sont allés dans les centres commerciaux de villes voisines par petits groupes ou individuellement, avec l’éducatrice familiale, ceux de plus de 11 ans portant des masques. Et ils étaient contents de dépenser l’argent de poche qu’ils avaient bien sûr économisé… ».

Vendredi 29 Mai – Au village d’enfants SOS de Calais

 

« Cette nouvelle phase s’inscrit dans les réalités locales », précise Alain Adamiak, directeur du village d’enfants SOS de Calais. « Nous sommes en lien étroit avec le Département et la Direction Enfance et Famille nous accompagne dans la sortie du confinement. Il y a une cohérence d’ensemble, une confiance réciproque ».

 

Toujours la prudence

 

Les mères SOS et les aides familiales peuvent à nouveau sortir librement pour faire des courses. « Les enfants peuvent de leur côté aller par exemple chez le boulanger, faire des sorties par petits groupes tout en étant encadrés. Ils peuvent voir des copains de l’extérieur sous certaines conditions. Le port du masque fait partie des apprentissages et nous sommes dans une mission globale d’éducation. Dans le village d’enfants SOS, nous limitons les visites entre les maisons familiales et elles ont lieu dans le jardin ou la pièce de vie. A Calais, les maisons ne sont pas regroupées mais dispersées dans un lotissement, ces contacts sont donc de fait assez similaires à ceux organisés avec l’extérieur. Les visites des parents ont repris pour l’instant uniquement au village d’enfants SOS, dans les locaux dédiés, qui sont désinfectés, ou en extérieur, toujours selon un protocole sanitaire très strict ».

 

L’information reste un point-clé. « Pendant le confinement, le chef de service éducatif et moi-même passions dans les maisons pour donner des explications, répondre à toutes les questions des enfants. Aujourd’hui, ce principe demeure : nous venons d’organiser une rencontre à la maison commune avec un enfant de chacune des maisons familiales ».

 

Scolarité : reprise très progressive

 

« Au début du déconfinement, nous étions encore en zone rouge, d’où là aussi une très grande prudence. Ainsi, même si les écoles primaires ont ouvert à nouveau leurs portes le 18 mai, seuls 5 enfants du village SOS reprennent le 2 juin. Durant le confinement, l’éducatrice scolaire et une personne en service civique avaient assuré activement le suivi scolaire et certains des enfants se sont trouvés rassurés, mis en confiance par ce nouveau rythme, cette manière plus souple de vivre la scolarité, ils ont même progressé. Aujourd’hui, elles organisent, avec un éducateur, des activités scolaires ou éducatives à la maison commune, où les enfants peuvent venir par groupes de 3 ou 4 ».

 

Auprès des familles : la continuité

 

Le travail auprès de familles fragiles, dans le cadre du soutien à la parentalité apporté par le village d’enfants SOS, ne s’était pas interrompu pendant le confinement. « Un suivi à distance avait été mis en place et des contacts ont toujours été maintenus par téléphone, en « visio » le cas échéant, comme pour des activités éducatives destinées aux enfants. Depuis le 25 mai, les visites des équipes ont repris mais selon une charte instaurant les mesures préventives indispensables : une seule visite par demi-journée, deux adultes au maximum dans la maison, remise de masques aux parents… Ces premières visites sont rassurantes, elles nous permettent de vérifier qu’il n’y pas de situations tendues ».

 

Aborder cette nouvelle phase apporte au village d’enfants SOS un soulagement visible. « C’est le début de quelque chose ! On ressent une détente, chez les mères SOS et aides familiales comme chez les enfants, la satisfaction aussi d’avoir bien suivi les recommandations et mesures sanitaires. Et il est possible de faire maintenant des projections sur les prochaines vacances… Avec un souvenir agréable du confinement : le pain et les viennoiseries que le chef de service éducatif et moi-même déposions devant les portes chaque dimanche matin ! ».

Jeudi 28 Mai – Maison Claire Morandat (Nord)

Les jeunes accueillis et accompagnés par SOS Villages d’Enfants dans cet établissement dédié sont en situation de grande fragilité.

 

« Pour la plupart d’entre eux, le confinement avait accentué les difficultés », explique Maria Luisa, coordinatrice de la politique d’accompagnement des jeunes de SOS Villages d’Enfants, qui se rend régulièrement à La Maison Claire Morandat, en respectant scrupuleusement toutes les précautions sanitaires et gestes barrières. « Pour ces jeunes, tout s’est arrêté brutalement, travail, contrats d’apprentissage, formation, études, démarches administratives, recherche d’emploi… La situation la plus difficile est celle des jeunes qui ne sont plus pris en charge par l’association mais que nous continuons à suivre et je me suis attachée à les rencontrer. Pour ceux qui ont 21 ans ou plus, s’ajoute la crainte de voir leur contrat jeune majeur avec le département, et donc leurs ressources, prendre fin bientôt. Ce qui a surtout émergé, c’est le stress, l’angoisse face à ce manque de perspectives, de projets, et un sentiment de solitude, en particulier pour les jeunes qui vivent dans des studios en ville, malgré le suivi assuré par les éducateurs ».

 

Face à l’isolement, deux jeunes ont pu s’installer en co-location et le village d’enfants SOS de Busigny a mis à disposition une grande maison pour 4 jeunes.

 

Une nouvelle étape

 

Le début du déconfinement a bien sûr marqué une étape importante pour les jeunes de La Maison Claire Morandat. Les jeunes ont pu retrouver leur famille, leurs amis… Ceux qui avaient un travail ont repris leur activité, un jeune en recherche d’emploi a déjà eu plusieurs entretiens. « Cependant il est encore stressé… Tout reprend son cours mais lentement. Des réponses sont en attente, il faut penser pour certains à des solutions de repli avec l’équipe et avec eux, la question de la solitude, de l’angoisse, est toujours là… »

 

Maria Luisa continue à rencontrer les jeunes et les équipes qui les accompagnent : « Aujourd’hui comme avant, il s’agit avant tout de les rassurer en leur rappelant que l’accompagnement de l’association ne s’interrompt pas, que nous sommes et resterons à leurs côtés. Certains d’entre eux peuvent même éprouver un sentiment de culpabilité face à la situation actuelle. Il est important de leur faire comprendre qu’ils n’y sont pour rien ».

 

Un lien qui se prolonge : « Je reste toujours en relation avec eux, même en-dehors des visites. Ils sont en demande, cela répond à un réel besoin ».

Dans 3 mois, Marion ne pourra
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