Journée mondiale de lutte contre le SIDA

Journée mondiale de lutte contre le SIDA

L’histoire de deux femmes zambiennes vivant avec le VIH

Esther, 45 ans, et Béatrice, 51 ans, ont une histoire similaire. Elles sont toutes deux séropositives et étaient tellement détruites par la maladie qu’elles ont failli en mourir, ce qui aurait eu pour conséquence de laisser leurs enfants totalement privés de soutien parental.

 

Elles vivent à Lwangwa, une communauté rurale du Kitwe, dans le nord de la Zambie. Elles ont été diagnostiquées séropositives en 2003 et accusent leurs époux de leur avoir transmis la maladie. Esther était enceinte de jumeaux quand son mari est mort en 2000.

« J’étais déjà très malade quand j’ai découvert que j’étais séropositive ». J’étais alitée sans traitement. Les antirétroviraux étaient très chers. Ma situation empirait de jour en jour, j’étais couchée et j’attendais la mort »; raconte Esther, mère de 6 enfants

La maladie d’Esther a eu un impact sur toute sa famille. Elle était incapable de répondre aux besoins de ses enfants, usée par ses problèmes de santé et la pauvreté.

Béatrice, 7 enfants, n’a pas non plus été épargnée : «  Pour vivre, je faisais de la couture mais j’ai arrêté quand je n’avais plus l’énergie. Du coup, je n’avais plus de nourriture, plus de médicaments et mes enfants ont dû abandonner l’école » dit-elle.

prise de traitement
La fille de Esther l’aide à prendre son traitement

SOS Villages d’Enfants : une aide vitale

Les deux femmes ont reçu l’aide du Programme de Renforcement de la Famille (PRF) de SOS Villages d’Enfants : Esther en 2004 et Béatrice un an après. L’équipe de SOS Villages d’Enfants est intervenue pour s’assurer que les deux foyers ne s’effondrent pas. Tous les enfants ont été à nouveau scolarisés. Des uniformes, des livres, des sacs et des chaussures leur ont été donnés. Les familles ont reçu de la nourriture. Le PRF a aidé Béatrice à restaurer sa maison.

Esther et Béatrice ont été inscrites au centre médical de SOS Villages d’Enfants pour recevoir gratuitement des antirétroviraux. Grâce au traitement et à une nourriture adaptée, leur santé s’est améliorée et elles ont retrouvé des forces pour s’occuper de leurs enfants.

L’équipe de SOS Villages d’Enfants a acheté pour Béatrice une machine à tricoter. Toutes deux ont pu assister à des formations sur les activités génératrices de revenus, l’entreprenariat et la parentalité.

Béatrice Béatrice et sa machine à tricoter achetée par SOS Villages d’Enfants

« Ma vie a changé »

Esther a débuté un élevage de poulets et pour augmenter ses revenus elle a trouvé un emploi d’aide-ménagère dans une clinique locale : « Désormais, je suis capable de répondre aux besoins de mes enfants. Je paie même les frais d’inscription à l’université de mon fils ».

Béatrice a aussi investi dans un élevage de poulets l’argent gagné en tricotant des pulls. Elle a commencé avec 60 poulets et en a aujourd’hui plus de 100. Grâce aux compétences entrepreneuriales qu’elle a acquises, elle a été en mesure de créer un compte de résultats pour ses activités. Sa principale clientèle est une maternelle privée au coin de sa rue.

« Ma vie a complètement changé depuis que j’ai commencé ce programme. J’ai été aidée quand j’étais malade, sinon je serais morte de maladie et de pauvreté. Maintenant je fais quelque chose de ma vie et je peux subvenir aux besoins de mes enfants. »

Lutter contre l’ignorance

Béatrice et Esther ont fait face à leur manière à la stigmatisation et la discrimination, en refusant de laisser l’ignorance des gens briser leur ardeur de vivre. 

« Les gens se sont moqués de moi quand ils ont découvert que j’étais malade. Ils pensaient que celles qui étaient contaminées par le SIDA ne pouvaient être que des prostituées. Mais grâce au travail de sensibilisation de SOS Villages d’Enfants, ils ont changé d’avis », témoigne Béatrice.

Esther raconte qu’aujourd’hui elle a accepté la maladie et veut avoir un « rôle modèle pour la communauté » en donnant des conseils aux autres femmes séropositives.

« Les gens parlaient derrière mon dos, se moquaient de moi, affirmaient que j’allais mourir bientôt… mais je suis toujours là ! Je veux même retourner à l’école pour reprendre mes études, comme ça je serai une conseillère qualifiée. Je veux aussi que mes enfants finissent leur scolarité pour commencer à travailler ».

Béatrice a aussi de l’espoir pour ses enfants :

«  Mon rêve est que mes enfants aient accès à une bonne éducation pour que leur niveau de vie augmente et qu’ils puissent vivre dans de meilleures conditions que moi.  Ce que je fais aujourd’hui je ne le fais pas pour moi mais pour mes enfants. Je ne pourrai véritablement m’occuper de moi que quand ils seront indépendants ».

Esther et Béatrice font partie du même groupe de soutien à la communauté.

« Tous ensemble, nous parlons de nos vies, nous nous encourageons mutuellement à continuer à prendre nos médicaments malgré leurs effets secondaires. Nous sommes aussi membres de forums communautaires. Nous invitons des acteurs de théâtre dont les pièces parlent de VIH et nous intervenons dans les églises et les marchés pour rappeler aux gens comment ils peuvent éviter la contamination mais aussi en leur expliquant quoi faire s’ils sont infectés ».

 

A Kitwe, environ 65 000 enfants sont orphelins à cause du Sida. Selon les chiffres officiels, le taux de prévalence du VIH serait de 12,7 % dans la région, ce qui en ferait la région la plus touchée par le VIH de tout le pays.

 

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