Face au Covid-19, les jeunes sont confrontés à des défis spécifiques - SOS Villages d'Enfants

Face au Covid-19, les jeunes sont confrontés à des défis spécifiques

Rusudan Chkheidze, basée en Géorgie, travaille au sein de SOS Villages d’Enfants pour développer, dans plusieurs régions du monde, des services qui soutiennent les jeunes issus de milieux vulnérables afin de favoriser leur accès à l’emploi. Dans cet entretien, elle décrit les défis particuliers auxquels ils sont confrontés aujourd’hui.

Comment la pandémie mondiale et les mesures de confinement qui y sont associées ont-elles affecté les jeunes avec lesquels travaille SOS Villages d’Enfants ?

Le Covid-19 a eu de graves répercussions économiques et sociales dans le monde entier. Les jeunes en général sont vulnérables et ceux qui quittent les systèmes de protection de l’enfance en particulier. Même sans la pandémie, le processus de sortie est difficile. Pour que les jeunes fassent ces premiers pas réussis dans leur vie indépendante, ils ont besoin d’une très bonne préparation. C’est un processus émotionnel et stressant et la pandémie a déstabilisé cette préparation.

Leurs plans quant à la manière dont ils deviendront autonomes et ce qu’ils feront en termes d’éducation ou de premières opportunités d’emploi peuvent être remis en question.

Prenons l’éducation. De nombreux jeunes ont des projets pour commencer ou poursuivre leurs études, ce qui est devenu de plus en plus difficile avec les fermetures d’établissements. D’autres jeunes qui viennent de terminer leurs études secondaires se préparent à passer leurs examens pour entrer à l’université. Et il leur a été difficile de se préparer uniquement par le biais de l’enseignement en ligne. De nombreux jeunes pourraient donc redoubler cette année.

En outre, dans certains pays, lorsque les jeunes vont à l’université, ils ont la possibilité de vivre dans des internats. Et à cause du confinement, beaucoup ont été fermés. Donc, soit ces jeunes doivent retourner dans leur famille biologique, soit, s’ils sont d’anciens enfants placés et qu’il ne leur est pas possible de retourner dans leur famille, ils peuvent être confrontés à un problème de logement.

De plus, ces jeunes essaient aussi de faire leurs premiers pas dans la vie active, qu’il s’agisse de jobs d’été ou d’emplois saisonniers, et les opportunités dans ce domaine ont beaucoup diminué.

Le chômage des jeunes est-il une préoccupation ?

Oui. Selon les données de l’Organisation Internationale du Travail, même avant la pandémie, les jeunes avaient déjà trois fois plus de chances d’être au chômage que les adultes. De nombreux jeunes avec lesquels nous travaillons ont déjà perdu ou risquent davantage de perdre leur emploi en raison des mesures de confinement, d’autant plus que nombre de ces premiers emplois se trouvent dans les secteurs du tourisme – hôtels, cafés, magasins – les plus touchés par la crise du Covid-19. Et comme ces emplois ne sont pas toujours assortis de contrats de travail officiels, ils ne peuvent souvent pas prétendre à des allocations de chômage. Les stages dans les différentes entreprises avec lesquelles nous travaillons en partenariat sont également très importants pour acquérir une première expérience professionnelle mais ceux-ci ont également été reportés.

 

Quel soutien supplémentaire SOS Villages d’Enfants apporte-t-il en ces temps difficiles ?

Pour les jeunes qui étaient sur le point de quitter les services de protection de l’enfance cette année, c’est une période très difficile. Dans la mesure du possible, nous leur offrons la possibilité de prolonger leur prise en charge – pour leur donner plus de temps.

Pour ceux qui ont déjà quitté nos structures, nous assurons un suivi proactif pour savoir comment ils vont et quels sont les problèmes auxquels ils sont confrontés.  Et nous leur offrons tout le soutien possible. Mais ce soutien doit être individualisé. Il ne peut pas s’agir d’une solution unique.

Par exemple, si une personne n’a pas d’endroit pour vivre, nous pouvons chercher une solution, comme un espace de vie dans un village d’enfants SOS ou dans un Espace de Transition. Nous pouvons même envisager d’ouvrir de nouveaux services. Mais bien sûr, cela dépend des ressources. Un logement à court terme serait vraiment utile, en particulier pour les jeunes qui n’ont pas d’endroit où vivre pour le moment.

Pour d’autres jeunes, ce n’est pas nécessairement le problème. S’ils perdent leur emploi, ils risquent de ne pas pouvoir couvrir leurs besoins fondamentaux. Dans ce cas, il peut s’agir de programmes de soutien, d’aide alimentaire ou d’aide financière, en fonction de la situation rencontrée et de nos ressources.

Un autre point important à prendre en compte : la situation actuelle affecte réellement l’état psychosocial des jeunes et provoque de l’anxiété. Non seulement le confinement lui-même ou l’isolement, mais aussi tout le stress lié à la perte d’un emploi et les incertitudes auxquelles ils sont confrontés en ce qui concerne l’éducation, l’emploi et leur vie en général. Il est crucial de leur apporter un soutien psychosocial.

Heureusement, nous avons pu continuer à proposer des systèmes avec des mentors et des formations en ligne pour soutenir l’accès à l’emploi. Nous le faisons par le biais de notre projet YouthCan ! avec des entreprises partenaires, ainsi que par des projets d’employabilité des jeunes financés par divers donateurs.

Dans la situation actuelle, où nous pensons au soutien dont les jeunes ont besoin et au type d’aide et de ressources supplémentaires que nous pourrions rechercher pour eux, je pense qu’il est vraiment important de s’engager également auprès des jeunes et de les écouter. Ce sont généralement les meilleurs experts. J’y crois vraiment. Nous avons besoin d’écouter leur avis sur ces questions. Nous voulons faire face à cette situation ensemble. Leur voix est la plus importante.

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