Cyclone Idai: SOS Villages d'Enfants vient en aide aux familles

Cyclone Idai au Mozambique : Aider les familles à se reconstruire

 

 

Norah Brinkerhof est psychologue et travaille avec SOS Villages d’Enfants Mozambique depuis 2017. Elle était à Beira lorsque le cyclone tropical Idai a frappé dans la nuit du 14 au 15 mars 2019.

 

Comment avez-vous vécu le passage du cyclone Idai ?

 

Ma maison est au deuxième rang sur la plage et le cyclone nous a frappé de plein fouet. Vers 21 heures le courant a été coupé et il faisait complètement noir. Puis nous avons entendu des fenêtres se briser dans la maison, et des parties du toit du voisin ont été soufflées dans notre jardin. C’était bruyant. C’était extrêmement troublant.

Quand la tempête s’est calmée, j’étais complètement épuisée, mais je ne pouvais pas rester tranquille. A 9 heures du matin, nous avions fait le petit-déjeuner. Je ne sais plus si j’ai mangé. Puis nous sommes sortis. je savais que tout serait détruit, mais je n’étais toujours pas prête. Tout avait était cassé, même les écuries. C’était comme l’apocalypse. Je ne pouvais penser qu’aux enfants, à mes collègues et aux familles pauvres dans leurs cabanes. J’étais sûr qu’il y aurait beaucoup de morts.

 

Comment étaient les familles du village d’enfants SOS et celles des autres programmes ?

 

Les manguiers étaient tombés sur certaines maisons, mais personne n’a été blessé. Certains enfants ont même dormi pendant le cyclone. Je me suis rendue dans les refuges avec d’autres psychologues pour aider les personnes qui avaient été gravement touchées. Je n’ai pu rendre visite aux bénéficiaires du renforcement de la famille qu’après une semaine. Ils ont désespérément besoin de notre soutien. C’est sur ce point que nous devons nous concentrer. Ce sont des gens qui vivaient auparavant dans une pauvreté extrême. J’ai rencontré des familles qui ont tout perdu.

 

Quels en sont les effets sur les enfants et les familles ?

 

Aujourd’hui, j’ai rencontré un petit garçon. Il faisait des cauchemars et était plutôt contrarié. Il n’arrête pas de voir des manguiers tomber sur sa maison. Quand il m’a dit ça, les gens autour se sont moqués de lui. J’ai dû intervenir et lui expliquer que sa réaction était tout à fait normale. Qu’il est normal d’avoir peur et de pleurer quand quelque chose comme ça arrive. Les émotions négatives sont tout simplement ridiculisées ici au Mozambique. La vie ici est dure. C’est une question de survie au quotidien, on n’a pas le temps de calmer et de rassurer l’enfant. 

 

Une autre femme que j’ai rencontrée a perdu un bébé pendant la tempête. L’enfant est morte dans ses bras et elle m’a aussi dit que 14 membres de sa famille étaient morts. Elle a réagi complètement différemment et ne laisse rient transparaître. Elle compense en prenant soin des autres. Cela lui donne le sentiment de reprendre le contrôle. Mais à la fin, elle est en état de choc. Sa force et sa stratégie d’adaptation est d’aider les autres. Mais qu’en est-il de son traumatisme ? Elle a l’air forte, mais elle souffre tellement. Les vraies conséquences surviennent souvent lorsque la tempête s’apaise. À un moment donné, elle pourrait s’effondrer. Mais ce n’est pas une fatalité.

 

 

Que pouvez-vous faire pour aider quelqu’un dans cette situation ?

 

Ce n’est pas à moi de lui dire : « Attends, prend d’abord soin de toi ! » Mon travail consiste à renforcer ses forces et ses mécanismes d’adaptation. Dans cette phase, nous devons donner de l’espoir. Il serait très dangereux de parler aux personnes touchées de ce qu’elles ont vécu. Nous pourrions très facilement les traumatiser à nouveau en les exposant à nouveau à la situation. Les gens doivent d’abord comprendre par eux-mêmes ce qui s’est passé et commencer à comprendre ce qu’ils ont vécu. Nous devons être là pour les soutenir moralement. Bon nombre d’entre eux seront en mesure de s’en sortir seuls.

 

Dans la deuxième phase, nous devons aider les enfants et les familles à trouver leurs forces. Ceux qui trouvent de la force dans la communauté devraient être encouragés à sortir, à partager avec les autres, à faire quelque chose. D’autres ont besoin d’exercice physique. Reconstruire leur maison, planter des plantes ou même faire du sport.

 

Ce n’est qu’après un certain temps qu’il sera possible d’identifier ceux qui courent le risque de développer un SSPT (syndrome de stress post-traumatique). Ce ne sera pas la majorité. Mais nous devons être vigilants ici, bien former nos collègues afin qu’ils reconnaissent les signes et agissent en conséquence.

 

Quelles sont les priorités aujourd’hui ?

 

La nourriture et l’aide matérielle pour la reconstruction sont extrêmement importants. Cependant il ne faut pas négliger le soutien psychologique. Autrement, beaucoup de familles ne seront pas en mesure de prendre en charge leurs enfants ou de recommencer à travailler pour gagner leur vie. Dans ce domaine, nous devons coordonner nos efforts, bien former nos collègues et localiser les centres de traitement.

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