Accompagner jusqu’à 25 ans rapporterait 1,8 M€ à la société : l’étude de Cause Majeur !

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Fondé et coordonné par SOS Villages d’Enfants, le collectif Cause Majeur ! publie une étude Les vies de Paul.

Publié le 19 novembre 2025

L’étude Les vies de Paul éclaire l’impact réel de l’accompagnement des jeunes majeurs de la protection de l’enfance et démontre, chiffres à l’appui, qu’investir dans la durée change profondément leur vie… et celle de toute la société.

Le constat aujourd’hui : à 18 ans, des sorties encore trop précoces

Malgré la loi dite « Taquet » du 7 février 2022, beaucoup de jeunes continuent de sortir de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), à 18 ans, sans filet de sécurité. En théorie, l’accompagnement doit être garanti jusqu’à 21 ans, mais dans les faits, les jeunes ne bénéficient en moyenne que de 21 mois d’accompagnement et c’est loin des besoins réels et ce que prévoit la loi. Pour beaucoup d’entre eux, la majorité marque non pas une transition, mais une rupture : arrêt brutal de l’accompagnement, instabilité de logement, décrochage scolaire ou professionnel, difficultés d’accès aux droits et aux soins.

Face à ce manque de continuité, le collectif Cause Majeur ! a souhaité mettre en lumière, à travers trois parcours fictifs mais concrets, ce que vivent ces jeunes. L’étude Les vies de Paul démontre ce qu’un accompagnement adapté peut réellement changer pour ces jeunes mais aussi pour la société.

Les trois vies de Paul : trois trajectoires, trois choix de société

Pour illustrer ces réalités, l’étude suit Paul, un jeune fictif dont le parcours est inspiré de données bien réelles. Trois trajectoires montrent comment le niveau d’accompagnement modifie son avenir :

  • La sortie de l’ASE à 18 ans, la précarité comme horizon :
    Paul enchaîne précarité, chômage, sans-abrisme et maladies professionnelles. Résultat : une vie dure sans confiance en l’avenir et un coût net pour la collectivité de 119 000 € sur l’ensemble de la vie de Paul. C’est la situation que connaissent de nombreux jeunes aujourd’hui !
  • L’accompagnement avec un droit opposable :
    Paul obtient un emploi stable, évolue professionnellement et accède à un logement. Il décide de lui-même la fin de son accompagnement à 23 ans. Plus confiant et serein, Paul génère un gain net pour la collectivité de près de 460 000 € sur l’ensemble de sa vie.
  • L’accompagnement jusqu’à 25 ans, Paul réalise son projet de vie :
    Paul réalise son rêve d’enfant et devient ingénieur à 25 ans grâce au soutient dans la durée de la protection de l’enfance. Il construit une vie stable, aisée et contribue ainsi fortement à l’économie. Résultat : un gain net total de 1,8 million d’euros sur l’ensemble de sa vie, soit 21 fois le coût initial de son accompagnement jeune majeur.

Ces trois vies montrent avec force que l’accompagnement des jeunes majeurs jusqu’à leur inclusion pleine et entière est un levier d’inclusion mais aussi un investissement, générant un gain financier pour la société. Et en évitant cet accompagnement, la société gaspillerait l’argent investi durant leur minorité, laissant s’effondrer tout ce qui avait été construit jusque-là.

Les recommandations du collectif Cause Majeur !

À la lumière de ces résultats, l’étude appelle à une évolution profonde des politiques publiques. Cause Majeur ! formule ainsi cinq recommandations fortes, que notre fondation soutien fortement :

  • Clarifier la loi du 7 février 2022 pour garantir un accompagnement jusqu’à 21 ans pour tous les jeunes et instaurer un droit opposable à l’accompagnement pour mettre fin aux sorties sèches de l’ASE ;
  • Garantir les mêmes droits à tous les jeunes en situation de vulnérabilité, qu’ils et elles soient passés par l’ASE, la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) ou qu’ils soient non accompagnés durant leur minorité ;
  • Construire de véritables projets d’accompagnement vers l’âge adulte, incluant scolarité choisie, logement stable, santé, accès aux droits, culture et loisirs avec un soutien éducatif dans la durée ;
  • Poursuivre l’accompagnement jusqu’à 25 ans si nécessaire, jusqu’à une inclusion pleine et entière du jeune dans la société ;
  • Assurer un financement pérenne, via un soutien renforcé de l’État aux départements.

Au regard des trois vies de Paul, une évidence se dessine : accompagner les jeunes majeurs n’est pas une option, c’est une responsabilité sociale fondamentale. C’est pourquoi le collectif Cause Majeur ! affirme avec force que cet accompagnement doit devenir un droit opposable pour tous les jeunes qui en ont besoin, partout.